REMONTER 

Biographie de Gérard Lebel
 

Article de Jacques Saintonge dans la revue L’Ancêtre, Vol. 23 – No. 1, septembre 1996, page 19.

L’œuvre du Père Lebel lui survivra
 

Nous nous sommes connus par la généalogie. Nous étions atteints du même syndrome de la «généafolie», expression qu'il se plaisait souvent à répéter dans un éclat de rire. Chez lui, ce rire était toujours franc, spontané, contagieux. Il rayonnait la joie au présent comme au passé. Sous sa plume alerte, les ancêtres, les siens comme ceux des autres, sont sortis de leur tombe, ont repris leur souffle et se sont mis à se raconter.

Il me paraît bien étrange aujourd'hui de parler de lui au passé. J'ai peine à croire qu'il ne soit plus là. Son départ a été brusque, inattendu. Malgré sa santé fragile, il me semblait qu'un tel homme ne pouvait pas partir sans avoir atteint l'objectif qu'il s'était fixé. Pourtant, il me faut accepter la dure réalité : la vie ne tient qu'à un fil. Elle peut nous échapper en l'espace d'une seconde. Une fois de plus, nous en avons eu la preuve.

C'est en janvier 1975 que le Père Gérard Lebel a commencé à publier ses histoires ancestrales dans la Revue Sainte Anne. Sa collection débute avec Pierre Paradis, pionnier de l'Île d'Orléans. Six ans plus tard, en 1981, il publie, sous le titre générique de Nos Ancêtres, le premier d'une série de volumes qui a atteint, cette année, le nombre impressionnant de vingt-huit, dont dix-neuf sont de son cru.

Entre 1978 et 1981, il avait pris connaissance des articles que j'avais publiés dans le quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières, sous le titre de «Nos familles et leurs origines». En juillet 1982, le Père Lebel me propose d'ajouter ces esquisses biographiques aux siennes. C'est ainsi que, depuis mars 1983, cinq autres volumes s'ajouteront aux trois déjà publiés dans Nos Ancêtres.

L'oeuvre du Père Lebel est impressionnante. Sauf quelques rares exceptions, il est l'auteur de 368 des 517 biographies que compte actuellement la collection. Il en a laissé quelques autres inédites qui ne tarderont pas à être livrées à son public.


L'action du Père Lebel déborde largement la généalogie. En ces quinze dernières années, il déployait, toujours dans la joie mais de façon discrète, son zèle apostolique. Il a fortement contribué à répandre au Québec et dans toute l'Amérique du Nord la connaissance des ancêtres canadiens-français. Vingt-deux des vingt-huit volumes ont été, depuis 1983, traduits en anglais. Le traducteur, M. Thomas Laforest, m'a confié qu'il a bien l'intention de poursuivre son travail jusqu'à la limite.

Le mercredi 22 mai dernier, trois jours après le décès foudroyant du Père Lebel, j'ai assisté à ses funérailles célébrées dans la crypte de la Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré et présidées par son cousin, Mgr Robert Lebel, évêque de Valleyfield. La communauté rédemptoriste, ses nombreux parents et amis lui ont rendu un vibrant hommage avant de le conduire à son dernier repos. L'éloge funèbre a été prononcé par le Père Rodrigue Théberge, curé de la paroisse et ancien élève du disparu.

«Le Père Lebel, a-t-il dit, est resté attaché aux racines de sa foi reçue et vécue à la maison des siens. Il a écrit son Histoire dans les traces des siens. Et sa descendance est nombreuse comme les étoiles du ciel et le sable de la mer. Que de fois il s'est référé à l'exemple de son père pour traduire son émerveillement et la source de sa propre détermination dans le travail comme professeur, comme archiviste, comme généalogiste... Homme à la recherche des racines de l'Histoire, non pas pour se cantonner dans le passé révolu, mais pour saisir tout l'héritage vital au présent et prometteur de lendemains. Car dans cette spécialisation de l'histoire des familles et de leurs ancêtres, c'est le fondement de la maison sur le roc solide qu'aucune tempête ne peut faire s'effondrer. (Matthieu 7, 24-27)»

Le Père Lebel n'est plus, mais il a laissé un héritage que la Revue Sainte Anne, pour le plaisir de ses nombreux lecteurs, n'est pas près d'épuiser.

 

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Article de Gilles Le Bel dans la revue L’Ancêtre, Vol. 23 – No. 1, septembre 1996, pages 20-21 (Président-fondateur de l'Association des Lebel d'Amérique) .


Une vie bien remplie

 

L'ami de tous, le Père Gérard Lebel. C.Ss.R., a choisi le dimanche de l'Ascension pour monter au ciel retrouver son père Edmond, et sa mère, Marie-Anne Lévesque et, surtout, voir la binette de Dieu, comme il le disait si souvent. Cet homme infatigable a été très malade durant la période de Noël 1995. Il a quand même voulu recevoir ses amis, continuer ses recherches, terminer son livre numéro 28, écrire cinquante pour cent du volume 29 et répondre à sa nombreuse correspondance.

Le Père Gérard, qui avait l'âme d'un missionnaire, désirait avant tout rendre les gens heureux par sa disponibilité, sa générosité et sa bonté. Le Père Lebel était un bon conteur et, en bon professeur qu'il a été, savait captiver son auditoire. Il était à son meilleur quand ses épithètes humoristiques allégeaient ses propos. Nous perdons tous un ami sur terre mais nous gagnons un allié dans l'au-delà.
 

Né le 27 décembre 1921 du mariage de Edmond Lebel et de Marie-Anne Lévesque, Gérard a été baptisé à Saint-Patrice de Tingwick la même journée. Ses parrain et marraine ont été Charles Lévesque et son épouse Anna Lévesque, oncle et tante de l'enfant. Gérard était l'aîné d'une famille de 17 enfants composée de cinq garçons et douze filles.

Son père Edmond, né le 16 décembre 1895 à Trois-Pistoles, épouse Marie-Anne Lévesque le 9 novembre 1920, à Notre-Dame-des-Neiges de Trois-Pistoles. Edmond est décédé le 13 février 1990 à Warwick, après une vie bien remplie. Sa mère, née le 15 mars 1901 à Trois-Pistoles, est décédée le 12 avril 1986 à Warwick.

Le 4 avril 1921, Edmond, qui cultivait la terre de son père à Trois-Pistoles, laisse difficilement le bien paternel à la demande de son épouse, pour venir rejoindre son frère Désiré à Tingwick. Le jeune couple Lebel s'établit dans le rang Croche (No 4), comme cultivateur. Voilà la raison pour laquelle le Père Gérard disait qu'il avait été conçu à Trois-Pistoles et était venu au monde à Tingwick.

Le jeune Gérard grandit en âge et en sagesse, va à la petite école de Tingwick et aide le paternel aux travaux de la ferme. En septembre 1937, son père l'envoie faire son cours classique au petit séminaire Saint-Alphonse, à Sainte-Anne-de-Beaupré, jusqu'en juin 1943. Après la rhétorique, il est admis au noviciat des Rédemptoristes à Sherbrooke, où il fait ses voeux perpétuels le 15 août 1944. Il complète ses études philosophiques et théologiques au scolasticat d'Aylmer (près de Hull). Le 24 juin 1950, il est ordonné prêtre à la Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré par Mgr Charles-Omer Garant, évêque auxiliaire de Québec.

On le retrouve professeur au séminaire Saint-Alphonse de Sainte-Anne-de-Beaupré de 1951 à 1955. En 1956, il complète son école normale à l'Université de Montréal et obtient son baccalauréat en pédagogie.

À la fin des vacances d'été de 1956, le Père Gérard devient le premier directeur du séminaire Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours de Moncton, Nouveau-Brunswick. C'est à cet endroit qu'il prend goût à la généalogie en montrant à ses élèves un moyen de se trouver une identité propre à chacun. Il restera à Moncton jusqu'en 1967. L'année suivante, on le retrouve à l'Institut de Pastorale des O.P., à Montréal, ou il suit un cours de pastorale. De 1968 à 1990, il revient au séminaire Saint-Alphonse de Sainte-Anne-de-Beaupré comme professeur.

Ses supérieurs lui demandent de participer à la rédaction de la Revue Sainte Anne. Fort de son expérience acquise au Nouveau-Brunswick, il rédige une page à caractère généalogique et, devant la popularité de ses articles, on lui demande de rédiger deux à trois pages. La Revue Sainte Anne est publiée à 120,000 exemplaires à travers le monde. En même temps, il est nommé archiviste provincial de la communauté et bibliothécaire du séminaire Saint-Alphonse. Durant la période de Noël 1990, le Père Gérard, travaillant au-delà de ses capacités, fait un infarctus. Il prend la période de repos obligatoire et on doit le retirer contre son gré de l'enseignement.

Le Père Lebel ne s'arrête pas pour autant; il continue d'écrire des livres sur les ancêtres. Il est le pivot généalogique de plusieurs familles tant au Canada qu'aux États-Unis; il reçoit un énorme courrier auquel il s'empresse de répondre à la main; il reçoit beaucoup de gens au parloir pour toutes les raisons qu'on peut imaginer. Pour un homme qui prend de l'âge et qui a fait une crise cardiaque, ses journées sont remplies au maximum.

L'histoire se répétant, à Noël 1995, il est atteint d'une étrange maladie qui le terrasse pendant plus d'un mois. Il récupère difficilement et, en février 1996, il décide de sortir voir des amis et de visiter sa famille. Il reprend le collier de plus belle et veut absolument terminer le volume 29 et commencer le 30e de Nos Ancêtres. Le Père Lebel a été membre fondateur de l'Association des LEBEL d'Amérique, membre de la Société de généalogie de Québec et de plusieurs sociétés d'histoire. Il a reçu quelques décorations pour son dévouement en généalogie, a été un conférencier recherché et a participé à plusieurs émissions de télévision. Il aimait beaucoup sa famille et en parlait avec amour et respect. Le Père Gérard a toujours été un prêtre pour qui son ministère passait avant tout. Il était l'un des rares prêtres qui confessaient en anglais et en français à la Basilique de Sainte-Anne.

Les membres de sa famille, comme nous tous, resteront marqués par l'homme qu'il était, par son oeuvre apostolique et par ses écrits généalogiques.

Voici, en trois phrases, le résumé de la vie de notre ami Gérard Lebel. Sa plus grande qualité était sa générosité. Cette générosité l'a forcé à aller au-delà de ses forces. Cette générosité l'a conduit à Dieu.

Salut Père Gérard!



 

 

 

L'Ancêtre est la revue de la Société de généalogie de Québec.

 

 

 

 

 

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Dernière modification : samedi 05 avril 2014